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Une stratégie nationale pour la gestion des amphibiens exotiques envahissants !

D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les espèces exotiques envahissantes (EEE ou Invasive Alien Species
(IAS) en anglais) sont des animaux, des plantes ou d’autres organismes, introduits par l’Homme accidentellement ou délibérément hors de leur aire de distribution naturelle, capables de s’établir, se reproduire et se disperser, et ayant des effets négatifs sur les écosystèmes et la biodiversité locale. Les EEE peuvent être à l’origine de l’accélération du déclin de certaines espèces natives au travers de la compétition interspécifique, de la prédation ou de la transmission d’organismes pathogènes. Elles peuvent également avoir des impacts sur les activités
socio-économiques (tourisme, agriculture etc.) ou la santé humaine (allergies, zoonoses etc.) (IPBES, 2019, 2023).

Des études indiquent qu’au moins 81 espèces d’amphibiens ont été introduites à travers le monde et présentent des populations a priori viables en dehors de leur aire de distribution naturelle (Soto et al.,2022). En France hexagonale, plusieurs espèces ou groupes d’espèces d’amphibiens exotiques sont naturalisés et montrent une dynamique d’expansion spatiale : certaines espèces de grenouilles du genre Pelophylax (Pelophylax ridibundus, P. bedriagae, P. kurtmuelleri, P. saharicus), le Sonneur à ventre de feu (Bombina bombina), le Triton bourreau (Triturus carnifex), la Grenouille taureau (Aquarana catesbeiana, anciennement Lithobates catesbeianus) et le Xénope lisse (Xenopus laevis).

Les deux dernières espèces restent les plus préoccupantes sur le territoire hexagonal en raison de leur dynamique de population, du vaste territoire colonisé et de leur impact sur la faune autochtone. Elles ont fait l’objet de plusieurs programmes de suivi et d’actions de lutte depuis de nombreuses années, dont le programme LIFE CROAA (LIFE 15 NAT/FR/000864) de 2016 à 2022.

Le programme LIFE CROAA (Control stRategies Of Alien invasive Amphibians) avait pour objectif principal d’améliorer l’état de conservation des populations d’amphibiens autochtones fortement affaiblies par la présence du Xénope lisse et de la Grenouille taureau. Le but était d’identifier et de mettre en place une stratégie de lutte contre ces espèces exotiques envahissantes, de prévenir l’introduction de nouvelles espèces et de veiller à communiquer et former les différents publics à cette problématique. L’aboutissement de ce projet a révélé l’importance de mettre en place une stratégie de gestion à l’échelle nationale avec une vision multi-spécifique, intégrant l’ensemble des amphibiens exotiques envahissants en France hexagonale.

C’est tout l’objet de la Stratégie nationale de gestion des amphibiens exotiques envahissants (SNG AEE) que la SHF a le plaisir de présenter aujourd’hui. Rédigée grâce à l’implication de nombreux experts, elle se concentre sur des problématiques émergentes connues en France hexagonale et concerne les quatre espèces les plus préoccupantes actuellement présentes sur ce territoire : la Grenouille taureau, le Xénope lisse, le Triton bourreau et le Sonneur à ventre de feu. Elle pourra toutefois être déclinée par la suite pour la Corse et pour les territoires d’Outre-mer, en considérant les espèces connues de ces territoires. Elle a pour objectif de poursuivre les efforts fournis notamment dans le cadre du programme LIFE CROAA. Son ambition est de fournir un cadre pour éviter toute nouvelle introduction dans la nature susceptible d’impacter la faune et les écosystèmes locaux et de donner quelques clefs pour tenter d’enrayer les expansions d’espèces établies. Quelques grandes orientations se dégagent :

  • stimuler une approche cohérente sur la France hexagonale ;
  • améliorer et poursuivre l’acquisition de connaissances pour anticiper l’arrivée potentielle de nouvelles espèces, pour suivre les espèces établies et mieux appréhender le fonctionnement de leur population ;
  • éviter de nouvelles introductions dans le milieu naturel par la sensibilisation en appui de la réglementation ;
  • intervenir rapidement sur les nouvelles espèces détectées sur le territoire ;
  • atténuer les impacts sur les écosystèmes et favoriser leur résilience sur le long terme.