En France hexagonale, les reptiles comptent parmi les espèces les plus menacées (24% des espèces ont un statut liste rouge « vulnérable » ou « en danger d’extinction », Liste rouge nationale UICN, MNHN & SHF, 2015). Les menaces qui pèsent sur ces espèces sont nombreuses, avec notamment la destruction et la fragmentation de leurs habitats, l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes, le changement climatique, ou encore la pollution et le prélèvement d’individus en milieu naturel.

La fragmentation des habitats représente une menace particulièrement importante mettant en péril les populations de ces espèces. En effet, lorsque les individus empruntent les trajets nécessaires à leur cycle de vie, et que ceux-ci sont entrecoupés de portions difficilement franchissables, le taux de mortalité des individus augmente, et le taux de consanguinité dans les populations réparties de part et d’autre risque d’augmenter également. Ces deux paramètres engendrent un risque accru d’extinction de certaines populations, en particulier les plus déconnectées. Cette menace impacte tout aussi bien les milieux terrestres qu’aquatiques, et touche particulièrement sévèrement les espèces qui vivent à l’interface entre ces milieux. Cet espace fonctionnel nécessaire au développement de la biodiversité aquatique et humide est défini comme la « trame turquoise » et concerne la plupart des amphibiens et certaines espèces de reptiles, comme la Cistude d’Europe (Emys orbicularis).

Depuis 2011, la Cistude d’Europe bénéficie d’un Plan national d’actions (PNA) coordonné par la SHF, renouvelé en 2020. L’objectif de ce nouveau PNA 2020-2029 en faveur de la Cistude d’Europe est d’améliorer l’état de conservation de cette espèce à long terme. Ce second PNA, d’une durée de 10 ans, propose une stratégie nationale pour la conservation de l’espèce à travers une liste d’actions à mettre en œuvre qui s’articulent autour de trois axes : étude, conservation, sensibilisation. Parmi les 9 actions du PNA II en faveur de la Cistude d’Europe, l’action n° 8 vise à « Accompagner une stratégie de reconnexion des populations », notamment en identifiant et en proposant des mesures de création/restauration de la trame turquoise, puisque cette espèce vit à l’interface entre les milieux terrestres et aquatiques.

L’objectif principal de ce projet est d’identifier les secteurs à enjeux majeurs pour la reconnexion des populations de Cistude d’Europe sur le bassin Rhône-Méditerranée-Corse. Certains secteurs sont stratégiques pour la mise en place d’actions visant à favoriser la reconnexion et le renforcement des populations. Il convient dans un premier temps de les identifier afin de pouvoir faire preuve de réactivité et proposer des sites prioritaires dans le cadre d’actions spécifiques de conservation (acquisition, gestion, réintroduction, renforcement…) ou de mesures compensatoires et d’accompagnement.

De façon plus concrète, le projet vise à :

• Affiner la cartographie des éléments constitutifs de la trame turquoise potentiellement favorable à l’espèce : zones humides et petit réseau hydrographique.
• Diagnostiquer l’état de conservation des zones humides et aquatiques favorables.
• Qualifier la fonctionnalité de la trame turquoise et identifier les obstacles et pressions.
• Définir les enjeux de conservation et de restauration de la trame turquoise.
• Proposer des actions en faveur de la conservation et de la restauration de la trame turquoise
• Proposer des méthodes de détection adaptées au contexte local.

L’État participe financièrement à ce projet au titre du « Fonds vert – France nation verte ». Retrouvez dans le lien ci-dessous les modalités de mise en œuvre et le plan de financement du projet.