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Le projet de l’Aéroport Grand-Ouest est abandonné…

Édouard Philippe a enfin annoncé le 17 janvier l’abandon définitif du projet d’aéroport au nord de Nantes. En février 2014, la SHF avait écrit au Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Mr Philippe Martin à l’époque, pour lui faire part de sa préoccupation majeure concernant ce projet. Nous insistions sur la valeur herpétologique du site, dans un contexte de déclin prononcé de l’herpétofaune, sur l’intérêt des bocages pour les populations de Reptiles et d’Amphibiens dans l’ouest de la France, sur l’importance de certaines populations (plus de 20 taxons sur le site, une population majeure de Lézard vivipare, une densité rare de Triton marbré etc…), sur le fait que la zone du projet cumule des intérêts biogéographiques (présence des deux Vipères ou des Triturus en sympatrie, limite de répartition de certaines espèces…), nous soulignions les carences majeures de l’évaluation des impacts du projet sur les Amphibiens et les Reptiles et notre désaccord concernant la méthode d’évaluation du “besoin compensatoire” que nous jugions  inopportune (les impacts sont traduits en valeur d’« unités de compensation » qui donnent un « besoin compensatoire » pour tous les Reptiles ou tous les Amphibiens sans considération des espèces). Enfin, nous alertions que le déplacement d’individus proposé comme mesure d’accompagnement pour un nombre réduit d’espèces et d’individus n’était pas nécessairement une mesure de conservation efficace. Notre courrier faisait suite à d’autres avis scientifiques pour le moins critiques, comme celui d’un collège d’experts scientifiques relatif à l’évaluation de la méthode de compensation des incidences sur les zones humides (de Marsily et al. 2013) ou la motion du comité permanent du CNPN du 10 avril 2013.

Récemment, lors de nos rencontres avec le Ministre Nicolas Hulot, nous faisions encore part de nos inquiétudes concernant ce projet extrêmement défavorable à l’herpétofaune. Nous savions que l’aéroport et son extension prévue ainsi que la desserte routière allaient impacter presque 170 mares, des dizaines de kilomètres de haies et plusieurs centaines d’hectares d’habitats d’Amphibiens ! Les gestionnaires qui se battent pour créer une mare ici ou là en France sauront apprécier… Les effets induits par les aménagements qui suivent la création de l’aéroport ont été estimés impacter plus de 6 000 hectares !

En août 2013, notre directeur avait été nommé intuitu personae par le préfet des Pays de la Loire comme l’un des onze membres bénévoles du comité scientifique indépendant, chargé d’émettre un avis d’expert sur les productions de l’observatoire environnemental chargé lui-même du suivi de la mise en œuvre des mesures environnementales, ainsi que sur les mesures correctrices proposées. À ce titre, il ne représentait pas la SHF et avait une obligation de discrétion et de confidentialité. Mais sa connaissance du dossier n’a pas permis de dissiper nos inquiétudes, bien au contraire ! Notons que le comité scientifique a beaucoup travaillé et émis des avis qui auraient légalement dû être rendus publics…

Bien sûr le contexte hautement politique et tendu du projet n’y est pas pour rien. Et très certainement le contenu de ces avis…

L’abandon du projet d’aéroport sur le bocage de Notre-Dames-des-Landes et des six autres communes concernées est donc une décision qui nous réjouit fortement.

À ce jour, 8 mares compensatoires ont été creusées…